Excursion dans les vallons du piémont sud du Grand Luberon
Le 28 mai 2025, Naïs Sirdeys (CNRS, CEREGE, Aix-en-Provence) et Vincent Ollivier (CNRS, LAMPEA, Aix-en-Provence) ont guidé une excursion dans les vallons du Mirail et du Loup consacrée aux rythmes de sédimentation en relation avec les variations climatiques et l'anthropisation depuis la dernière glaciation. Cette sortie a réuni 'une vingtaine de participants.

Télécharger le livret-guide de l'excursion
La morphogenèse réside dans le fonctionnement, conjoint ou alterné, de processus d’attaque de la roche en place et de processus d’évacuation des débris qui autorisent la poursuite et la progression de l’attaque (Birot, 1981). D’une manière générale l’érosion peut également être appréhendée comme un phénomène naturel mais aussi un fait de civilisation (Neboit, 2010). Les climats et de manière plus récente l’Homme en modifient le cours et l’intensité. Les études que nous menons sur les rythmes de sédimentation des cours d’eau et des versants sur la longue durée (composantes de la morphogenèse) permettent de mieux identifier et comprendre les impacts des variations climatiques et des activités anthropiques sur les paysages du Luberon (Ollivier et al., 2001, Ollivier, 2006, Ollivier et al., 2006, Sirdeys, 2025, Sirdeys et al., 2024, Sirdeys et al., 2023). Les résultats de ce travail ont donc pour objectif de démontrer l’ampleur et la vitesse des changements paysagés de notre région sous le contrôle des variations du climat au Quaternaire récent, période où alternent des épisodes froids comprenant de plus brefs mais rapides réchauffements (interstades), au travers des marqueurs sédimentaires singuliers que constituent les paléosols interstadiaires régionaux (Ollivier et al., 2014, Sirdeys, 2025, Sirdeys et al., 2024, Sirdeys et al., 2023). Les périodes étudiées par l’intermédiaire de ces paléosols n’ont pas encore été réellement concernées par l’empreinte de l’Homme sur le cycle de l’érosion. Les variations des paramètres bioclimatiques y sont les facteurs dominant de la morphogenèse. Conjointement, les recherches menées sur les formations de tufs calcaires du massif du Luberon se poursuivent. Ces dernières, se développant au cours du réchauffement climatique postglaciaire amorcé il y a plus de 11500 ans, sont sensibles aux moindres modifications du biotope, et offrent des éléments d’étude permettant de mieux identifier les impacts liés aux activités anthropiques depuis au moins le Néolithique. Dans cette excursion de l’AGSE, nos données et interprétations nous permettront d’aborder et de discuter des reconstructions paysagères liées aux changements climatiques et aux effets plus tardifs de l’anthropisation du milieu. Les données recueillies offrent un modèle de référence des dynamiques de la morphogenèse à travers le temps, utile, entre autres, à la gestion et à la préservation du territoire du Parc naturel régional du Luberon sur la problématique de l’érosion, du climat et de l’Homme.
Lieu : Ravin du Loup et Ravin du Mirail (communes de Cabrières d’Aigues, La Motte d’Aigues, Saint Martin de la Brasque et Peypin d’Aigues, Vaucluse).

